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Dream Team Les 50 Français les plus influents du monde en 2017

Ils sont scientifiques, entrepreneurs, sportifs, artistes... et font rayonner la France à l’étranger. En première place de cette cinquième édition : Xavier Niel, tycoon des télécoms, magnat des médias et ambassadeur hors cadre longtemps méprisé par l’establishment. Dossier coordonné par Olivier Bouchara, Sophie des Déserts, Marion Van Renterghem, Gaspard Dhellemmes, Toma Clarac et Pierre Groppo.


N°1 XAVIER NIEL, ENTREPRENEUR, 50 ANS

À la tête de notre classement annuel, Xavier Niel investit sans cesse, sans frontières, et non sans polémiques. De François Hollande à Emmanuel Macron, les présidents de la République voient en lui un ambassadeur de France idéal, le créateur de l’Ecole 42 et de Station F, un campus de start-ups censé devenir le plus grand incubateur de la planète. À entendre les tycoons de la Silicon Valley, Niel est le Français incontournable, celui qui leur donne une autre image de l’Hexagone, très loin du vieux pays flemmard qu’ils imaginaient depuis leur Californie bouillonnante. Tom Fadell, l’un des pères de l’Iphone aujourd’hui à la tête de Nest, nous le confie : « Je le dis à tous mes amis Américains : ”S’il y a un type à voir à Paris, c’est Xavier.” » Notre portrait dans le numéro de décembre/janvier de Vanity Fair, en kiosques dès le 24 novembre.


N°2 ZINEDINE ZIDANE, ENTRAÎNEUR, 45 ANS

Est-il doué de superpouvoirs ? Quand il a repris les rênes du Real Madrid, en janvier 2016, pour sa première expérience sur un banc, peu d’observateurs croyaient en ses chances : trop de pression, trop de Cristiano Ronaldo. Un an et demi plus tard, le voilà sacré meilleur entraîneur du monde par la FIFA. Son palmarès de minot est déjà plus garni que celui de coachs aguerris : sept titres, parmi lesquels une Liga (le championnat d’Espagne) et deux ligues des champions consécutives (du jamais vu). « Real Zidane », s’enflammait El País en juin, tandis que The Guardian observait, non sans stupeur, que « l’entraîneur dépassait déjà le joueur ». Adidas, qui équipe aussi Messi, n’a pas fini de le mettre en avant dans ses campagnes mondiales.


N°3 BRIGITTE MACRON, PREMIÈRE DAME, 64 ANS

Karl Lagerfeld, qui a souvent le sens de la formule, la présente comme l’objet culturel français « le plus populaire à l’étranger depuis Brigitte Bardot », parlant même des « plus belles jambes de Paris ». Sans aller jusque-là, il est vrai que le couple qu’elle forme avec Emmanuel Macron et son allure fascinent les médias étrangers. Elle est « l’incarnation du glamour » pour le Daily Mail, tandis que la Frankfurter Allgemeine Zeitung est sous le charme de cette « copine sympa de Jane Fonda » qui « rayonne d’une joie de vivre telle qu’on dirait qu’elle a passé les quarante dernières années à vivre et à faire la fête à Saint-Tropez ». Même le New York Times a consacré une grande enquête au style « glam chic » de l’ancienne professeur de français. Elle serait l’archétype de la « WHIP » (women who are hot, intelligent and in their prime). Comprendre : une femme sexy, intelligente et dans la fleur de l’âge.


N°4 THOMAS PESQUET, ASTRONAUTE, 39 ANS

Ses 196  jours en orbite l’ont fait grandir de cinq centimètres, mais la pesanteur devrait rapidement lui faire retrouver sa taille normale. Une chose en revanche n’est pas près de diminuer : sa notoriété planétaire. Lors de son séjour à bord de la Station spatiale internationale (ISS) aux côtés de l’Américaine Peggy Whitson et du Russe Oleg Novitski, le Français Thomas Pesquet a passionné des millions de Terriens en racontant son quotidien en images sur les réseaux sociaux. On a ainsi pu visiter sa chambre à coucher avec ce duvet vertical « très confortable » ou le voir, ballon de basket en main, tenter un smash imaginaire : « Moi qui ai toujours voulu être Michael Jordan, au moins, en impesanteur, ça marche ! » a-t-il tweeté. Son nouvel objectif : être le premier humain à poser un pied sur Mars.


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N°5 DENIZ GAMZE ERGUVEN, RÉALISATRICE, 39 ANS

Daniel Craig, alias James Bond, décrit le choc : « J’ai vu Mustang et j’ai aussitôt appelé Deniz pour lui dire que j’adorerais travailler avec elle. » Halle Berry aussi est tombée sous le charme. Les deux stars hollywoodiennes sont à l’affiche de Kings, le second long-métrage de la réalisatrice franco-turque, présenté en septembre au festival de Toronto. « J’ai travaillé onze ans sur ce projet qui raconte les émeutes de Los Angeles en 1992 », précise la cinéaste qui avait fait sensation à Cannes en 2015 avant de représenter la France aux Oscars l’année suivante. Variety, la bible américaine du cinéma, la tient pour l’une des dix jeunes metteurs en scène à suivre, au même titre que l’Américain Barry Jenkins (Moonlight) et que l’Indien Ritesh Batra (Lunchbox).


N°6 XAVIER VEILHAN, ARTISTE, 54 ANS

De mai à novembre, il a incarné, à lui seul, l’art contemporain français à la Biennale de Venise. Son installation : un étrange studio d’enregistrement tout de bois blond avec un piano à queue, une balalaïka géante ou un orgue de verre. Parmi les musiciens invités, Sébastien Tellier, Mr. Oizo, Thurston Moore de Sonic Youth, le producteur de Radiohead Nigel Godrich, ou encore la légende jamaïcaine Lee Scratch Perry se sont prêtés au jeu. Dessein à demi avoué : proposer au public d’assister au moment de la création et ainsi démystifier la production artistique. À présent, l’ancien élève de Daniel Buren aux Arts déco va faire voyager son Studio Venezia à Buenos Aires et à Lisbonne, dans le nouveau musée d’art moderne. En attendant, dit-il, « d’autres possibles stations : Paris, Londres, New York et Los Angeles ».


N°7 ISABELLE KOCHER, DIRECTRICE GÉNÉRALE D'ENGIE, 50 ANS

C'est un peu honteux d'écrire une phrase pareille en 2017 mais voici la seule femme à diriger un groupe du CAC 40. Et encore : normalienne, ingénieur des Mines et mère de cinq enfants – ce qui vaut bien des diplômes –, elle a dû un temps accepter la tutelle de son ancien PDG, Gérard Mestrallet, avant de prendre les commandes du géant français de l’énergie (66,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 et plus de 150 000 collaborateurs dans 70 pays). Celle qui a décliné la direction d’Areva en 2011 a remporté cette année un mégacontrat pour la construction d’une centrale électrique en Arabie saoudite, investi massivement dans le solaire en Inde et racheté Tabreed, le leader de la climatisation au Moyen-Orient. Les marchés applaudissent : le cours en bourse a augmenté de près de 15 % depuis le début de l’année.


N°8 ALAIN DUCASSE, CHEF, 61 ANS

Il a inventé la « gastro-diplomatie ». Lors de la visite officielle de Donald Trump à Paris en juillet, le chef aux dix-huit macarons a adapté la meat pie, plat favori du président américain, sous forme de pâté en croûte aux petits légumes farcis. Poutine avait eu droit, lui, à du turbot au naturel et à du veau de Corrèze aux girolles. Celui qui a ouvert, en mars, son 26e restaurant à l’étranger (avec vue sur la baie de Hong Kong), a organisé le plus grand dîner du monde, pour la quatrième année consé­cutive, dans 2 300 établissements, dont la plupart des ambassades de France. « Autour de la table peuvent se résoudre des problèmes qui ne se seraient pas réglés ailleurs­, assure le maestro gascon. Un certain ordonnancement dans le service des mets et des vins favorise l’harmonie entre les convives. » Ultime consécration : la sortie au cinéma, début octobre, d’un film dont il est le héros, sobrement intitulé La Quête d’Alain Ducasse.


N°9 SUZANNE PAGÉ, DIRECTRICE ARTISTIQUE DE LA FONDATION LOUIS VUITTON

Quel conservateur peut aujourd’hui réunir en une seule exposition vingt-neuf Picasso, vingt-deux Matisse, douze Gauguin et huit Cézanne ? La directrice artistique de la fondation Louis Vuitton a réussi une fabuleuse opération en présentant, en octobre 2016, la collection Chtchoukine du nom de ce Russe passionné d’art moderne. Immense succès : plus de 1,2 million de visiteurs. « Je ne suis qu’une intermédiaire passionnée », confie modestement l’ex-directrice du musée d’art moderne de la Ville de Paris, qui dit « écouter avant tout les vibrations des œuvres ». Son ami Glenn Lowry, tout-puissant patron du MoMA à New York, est sur la même ligne : il vient de lui confier deux cents de ses plus belles pièces, présentées cet hiver dans une scénographie où des toiles de Cézanne et de Picasso dialoguent avec un film de Disney.


N°10 FIDJI SIMO, DIRIGEANTE DE FACEBOOK, 32 ANS

Surprise ! L’une des plus proches collaboratrices de Mark Zucker­berg vient de Sète, a grandi dans une famille de pêcheurs d’origine sicilienne et dirige la division vidéo du groupe – autant dire l’avenir. Pour en arriver là, cette diplômée de HEC, qui a fait ses armes chez Ebay, a poussé l’autoplay (le lancement automatique des vidéos) sur le fil d’actualité, la diffusion en direct avec Facebook Live et Facebook Watch, qui se rêve en rival de Youtube. « Quand on vient d’une famille dont le savoir-faire est le même de génération en génération, dit-elle de son accent chantant, c’est rafraîchissant de pouvoir créer en deux mois des outils utilisés par des milliards de personnes. » En 2016, le magazine Fortune l’a classée parmi les quarante jeunes de moins de quarante ans les plus influents du monde. Le seul autre Français de la liste était... Emmanuel Macron.


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N°11 ARNAUD VALOIS, ACTEUR, 33 ANS

Il avait plaqué sa carrière de comédien pour devenir masseur-sophrologue ; au mois de mars 2018, il devrait représenter la France aux Oscars avec le film 120 battements par minute, déjà vendu dans une quarantaine de pays. Son rôle de militant d’Act Up a bouleversé les médias internationaux. « Exceptionnel », a résumé Variety. « Dès la projection presse du film à Cannes, j’ai ­compris qu’il se passait quelque chose, se souvient l’ancien élève du Cours Florent. À la fin, il fallait consoler des journalistes en larmes. » Aujourd’hui, celui qui était abonné aux petits rôles pour Nicole Garcia et André Téchiné croule sous les propositions, au point qu’il hésite à poursuivre son activité de thérapeute : « J’aimerais bien continuer, glisse-t-il. Mais maintenant, on vient surtout me voir pour faire un selfie à la fin de la séance. »


N°12 ALEXANDRE BOMPARD, PDG DE CARREFOUR, 45 ANS

Au mois de juin, l’ancien directeur général de la Fnac est devenu l’un des plus puissants patrons d’Europe en prenant la présidence de Carrefour, troisième distributeur alimentaire du monde. Sa mission principale : résister à l’appétit de l’ogre Amazon, qui rêve de monter sa propre chaîne de supermarchés après avoir avalé d’un coup la chaîne américaine de magasins bio Whole Foods au début de l’été. « Nous devons accélérer la transformation numérique du groupe », proclame l’ancien inspecteur des finances qui avait habilement rapproché la Fnac de Darty en 2016 pour en faire un leader du e-commerce. Aujourd’hui, le sort de 360  000 salariés dans plus de trente pays est entre ses mains.


N°13 GAËL FAYE, ÉCRIVAIN, 35 ANS

Il pensait écrire « pour quelques passionnés de l’Afrique ». Son premier roman, Petit Pays – l’histoire d’un gamin de 10 ans soudain plongé dans le monde des adultes à cause de la guerre civile au Burundi –, est sur le point de devenir un succès mondial, avec plus de 300  000 exemplaires vendus et une trentaine de traductions en cours. « C’est fou, reconnaît l’écrivain franco-rwandais, d’abord révélé comme rappeur. J’étais loin d’imaginer qu’une histoire qui se déroule dans une petite impasse de Bujumbura, capitale d’un pays que peu de gens savent placer sur la carte, puisse autant passionner. »Lors d’une signature en Pologne, des lecteurs lui ont confié avoir éprouvé les mêmes sentiments qu’au moment de la chute du mur de Berlin, quand le bruit de la guerre a soudain troublé leurs jeux d’enfants.


N°14 MOUNA SEPEHRI, DIRIGEANTE DE RENAULT, 54 ANS

« For Mouna Sepehri, big is beautiful », applaudit Bloomberg. Si l’Alliance Renault-Nissan est devenue, cette année, numéro 1 mondial de l’automobile devant Volkswagen et Toyota, elle n’y est pas pour rien. Des rachats de Dacia en Roumanie (1999) ou de Samsung Motors en Corée du Sud (2000) en passant par celui d’Avtovaz en Russie (2007), cette fidèle de Carlos Ghosn, entrée chez Renault en 1996, s’est imposée dans un univers masculin, voire macho. « Les hommes ont tendance à sous-estimer les femmes, confie-t-elle. Le temps qu’ils comprennent à qui ils ont affaire, vous avez déjà pris plusieurs kilomètres d’avance. » Avec l’arrivée de Mitsubishi Motors dans l’alliance, son rôle devrait bientôt prendre une nouvelle ampleur.


N°15 ERIC ROCHANT, RÉALISATEUR, 56 ANS

Pour les magnats de Hollywood qui n’ont pas eu la chance de voir Julie Lescaut, l’inventeur du Bureau des légendes reste le seul Frenchie digne d’intérêt. Sa série, présentée comme un « anti-Homeland subtil et nuancé » par la London Review of Books, doit faire l’objet d’un remake aux États-Unis, tan­dis que des chaînes russe, italienne et anglaise ont déjà racheté les droits de diffusion pour leur pays. « Je me suis inspiré des méthodes américaines, avec un showrunner qui super­vise chaque étape de la fabrication, dix épisodes par an de cinquante-deux minutes », précise le cinéaste, révélé avec Un monde sans pitié en 1989. À présent, il travaille sur une série sur la naissance des oligarques russes après la chute de l’URSS. Son commanditaire : HBO, la chaîne américaine qui a lancé Game of Thrones et Six Feet Under.


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N°16 JEAN-YVES LE DRIAN, MINISTRE DE L'EUROPE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, 70 ANS

Il incarne la stabilité dans un monde trouble, entre les tweets de Trump, les menaces de Kim Jong-un et les manigances de Poutine. Ministre de la défense sous François Hollande, le paisible Breton a permis la vente des premiers Rafale tout en menant la guerre contre Daech au Mali. Changement de dimension avec Emmanuel Macron, qui l’a nommé au Quai d’Orsay. Il défend les accords sur le nucléaire iranien aux Nations unies, amorce la réconciliation de la Libye en réunissant les différentes parties à La Celle-Saint-Cloud... Et quand il lui reste un peu de temps, le super-­ministre, également chargé du tourisme, tente d’attirer de nouveau en France les Américains et les Chinois, effrayés par les dernières vagues d’attentats.


N°17 ISABELLE HUPPERT, ACTRICE, 64 ANS

« La Meryl Streep française » : voilà comment l’animateur du « Late Show » sur CBS, Stephen Colbert, l’a accueillie sur son plateau en février. Sûrement le plus beau compliment qu’on puisse faire aux États-Unis. L’actrice a été nominée aux Golden Globes et aux Oscars 2017 pour son rôle osé dans Ellede Paul Verhoeven. Lors de la cérémonie, vêtue d’une robe immaculée griffée Armani Privé, elle a conquis le public. « L’implacable incarnation d’un style français dont les Américains raffolent », notait alors le New York Times. Elle devrait encore nous surprendre au printemps 2018 avec la sortie de La Caméra de Claire, du cinéaste coréen Hong Sang-soo, dans lequel elle joue une photographe douée de pouvoirs mystérieux.


N°18 ARTHUR SADOUN, PRÉSIDENT DE PUBLICIS, 46 ANS

Le voilà donc, le successeur de Maurice Lévy. Au mois de juin, ce dandy de 1 m 97 a été (enfin) adoubé par le vieux lion pour reprendre la présidence du troisième groupe mondial de publicité. La mission s’annonce délicate : il doit à la fois s’imposer après un homme qui a régné sans partage pendant quatre décennies, mais aussi accélérer la transformation numérique de l’entreprise et fixer un nouveau cap après la fusion ratée avec le géant américain Omnicom. Marié à la journaliste Anne-Sophie Lapix, ce redoutable commercial passé par l’Insead a déjà réussi ses premiers pas en remportant les budgets de Walmart, Motorola et Lowe’s sur le marché américain. Et Marcel, la plateforme d’intelligence artificielle qu’il a lancée en juin 2017, a été qualifiée de « game changer » par Jack Dorsey, le fondateur de Twitter.


N°19 JAIN, CHANTEUSE, 25 ANS

« J’étais déjà contente que mon album sorte en 2015 », confie-t-elle du bout des lèvres. Deux ans plus tard, la belle Jeanne Galice (dite Jain) a séduit le monde avec sa voix soul, son style pop mêlé d’afro-beat et ses éternels cols Claudine : 100  000 albums vendus à l’étranger, une apparition remarquée sur le plateau du « Late Show » de Stephen Colbert, un concert à la First Class de Minneapolis dans la lignée d’Elton John et des Rolling Stones. « Jain est l’artiste musicale du moment », s’enthousiasme The Independent. « C’est dingue, reconnaît cette fille d’expatriés qui a toujours chanté en anglais. J’ai commencé la tournée dans des clubs de deux cents personnes et je termine dans les plus grands festivals devant trente-cinq mille spectateurs. »


N°20 LEÏLA SLIMANI, ÉCRIVAIN, 36 ANS

Elle avait déjà surpris le monde des lettres en obtenant le prix Goncourt  2016 dès son deuxième roman, Chanson douce (Gallimard), l’histoire d’une nourrice en proie à d’irrépressibles pulsions criminelles. Elle s’attaque cette fois aux violences faites aux femmes marocaines, en publiant Sexes et mensonges (Les Arènes), un recueil de témoignages dans le pays de son enfance. « Leïla Slimani est en passe de devenir l’auteur la plus controversée du monde arabe », constate The Times, dans un domaine où Salman Rushdie et Kamel Daoud ont quelques fatwas d’avance. On lui demande si parfois elle a peur : « Si je commence à me poser cette question, je ne fais plus rien. »


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N°21 HALA WARDÉ, ARCHITECTE, 52 ANS

Sans elle, le Louvre Abou Dhabi n’aurait peut-être jamais vu le jour. L’associée historique de Jean Nouvel a participé aux plans et supervisé les travaux de cet édifice monumental, coiffé d’une vaste coupole argentée de 180 mètres de diamètre (soit la même superficie que la cour carrée du Louvre) qui crée l’illusion d’une « pluie de lumière » au-dessus de la ville. « Un lieu tellement magique... souffle l’élégante Franco-Libanaise qui a rencontré Nouvel lors de ses études à l’École spéciale d’architecture de Paris. À chaque fois que j’y retourne, je découvre quelque chose de nouveau. » Prochain défi : un premier grand chantier en solo, avec la construction du musée d’art moderne de Beyrouth, qui lui a été confiée à l’issue d’un concours international présidé par une autre vedette mondiale de l’architecture, le Néerlandais Rem Koolhaas.


N°22 OLIVIER POLGE, PARFUMEUR CHEZ CHANEL, 43 ANS

L’industrie du parfum lui doit le lancement de l’année, dévoilé début juillet au Palais de Tokyo devant le gotha de la mode, Kristen Stewart et Pharrell Williams : Gabrielle, premier jus Chanel depuis quinze ans. Jolie marque de confiance pour le fils de Jacques Polge, « nez » légendaire de la maison, qui a succédé à son père en 2013, devenant ainsi le quatrième parfumeur en titre du géant du luxe. À peine arrivé, ce Grassois d’origine, aguerri au sein du groupe IFF (on lui doit entre autres Dior Homme et La vie est belle) a imaginé Misia, puis Boy, deux fragrances classées dans la prestigieuse collection « Les Exclusifs ». Dans la foulée, il a touché au Graal en signant L’Eau, nouveau chapitre olfactif du No 5, l’icône absolue millésimée 1921 et parfum le plus vendu au monde

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N°23 ANNE HIDALGO, MAIRE DE PARIS, 58 ANS

Le niveau de haine qu’elle inspire parfois à Paris est inversement proportionnel au prestige dont elle jouit à l’étranger. « Sa calme détermination pour mettre en œuvre son programme sur la pollution, le logement social ou les camps de migrants lui permet de faire entendre une voix singulière au milieu d’une classe politique discréditée », note The New York Times. Cette année, après les trois échecs essuyés par ses prédécesseurs à l’Hôtel de Ville, elle a enfin obtenu l’organisation de Jeux olympiques (ce sera pour 2024) en affichant une complicité de façade avec son cher Emmanuel Macron. Dans le même temps, la nouvelle présidente du C40, un réseau de métropoles engagées contre le réchauffement climatique, a convaincu les maires de douze grandes villes américaines d’appliquer les accords de Paris, pourtant rudement contestés par Donald Trump. Même l’Europe lui a remis le prix du maire le plus novateur, début novembre, à Lisbonne. Loin, très loin des concerts de klaxons aux abords des quais de Seine.


N°24 CAROLINE GARCIA, JOUEUSE DE TENNIS, 23 ANS

Le champion anglais Andy Murray l’avait prédit en la voyant batailler sur la terre battue de Roland-Garros en 2011 : « La fille qui joue contre Sharapova sera numéro 1 mondiale un jour. » Elle est déjà numéro 1 française, dans les dix premières joueuses du monde et promet de marcher dans les traces de l’icône Amélie Mauresmo. Du haut de son mètre soixante-dix-sept, cette athlète fuselée possède les meilleures armes : un tempérament agressif à la volée comme en fond de court, ce qui lui a permis de triompher, en finale du tournoi de Pékin, de la Roumaine Simona Halep, désormais première joueuse mondiale. De quoi étouffer les critiques dont elle a fait l’objet pour avoir quitté la Fed Cup, et ravir son père qui l’entraîne depuis ses 18 ans.


N°25 DOMINIQUE SENEQUIER, INVESTISSEUSE, 64 ANS

Le gotha de la finance mondiale défile chaque jour dans son bureau de la place Vendôme : investissement de 2,5 milliards de dollars dans un fonds d’Abou Dhabi en avril, prise de participation dans un géant belge du stockage de produits liquides en mai. En vingt-et-un ans, la présidente d’Ardian (anciennement Axa Private Equity) a façonné une pépite capable de gérer 65 milliards de dollars (56 milliards d’euros) d’actifs grâce à quatre cent dix collaborateurs dans douze pays. Même le Financial Times la consulte sur les conséquences du Brexit : « Paris ne dépassera jamais Londres, prédit la polytechnicienne. Les Français ont moins l’esprit tourné vers la finance que les Anglais. » À une exception près, donc.


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N°26 EMMANUEL CARRÈRE, ÉCRIVAIN, 50 ANS

Son œuvre littéraire, qui mêle enquête au long cours et écriture autobiographique, est désormais célébrée partout dans le monde. Dans un portrait publié en mars, le New York Times a présenté l’auteur de L’Adversaire comme « l’homme qui a réinventé la non-fiction ». Compliment qui vaut tous les Goncourt – prix qui lui a été toujours refusé – au pays de Tom Wolfe et de Truman Capote. En 2017, entre un portrait embedded d’Emmanuel Macron pour The Guardian et une tournée aux États-Unis où vient d’être publié son Royaume, il a reçu à Guadalajara, au Mexique, le prix FIL de littérature, la plus prestigieuse récompense littéraire d’Amérique latine dotée d’une enveloppe de 150  000 dollars (130  000 euros).


N°27 JACQUES BLED, PRODUCTEUR, 57 ANS

Faut-il vraiment le féliciter ? Si les gamins du monde entier hurlent « banana  ! » à la maison, c’est un peu à cause de lui. Le fondateur du studio Mac Guff vient encore de faire exploser le box-office avec la sortie planétaire du troisième volet de Moi, moche et méchant : plus d’un milliard de dollars de recettes, des produits dérivés en cascade, Steve Carrell qui prête sa voix au méchant Gru dans la version américaine. Jamais une franchise animée n’avait été aussi rentable, pas même les Shrek et Toy Story. L’inventeur de Kirikou, en 1998, travaille main dans la main avec les studios Universal installés à Los Angeles. « Notre succès repose sur l’alliance entre la culture hollywoodienne du résultat et le talent français pour l’image », confie celui qui emploie désormais neuf cents salariés à Paris. Rien que pour ça, on peut le féliciter.


N°28 DAFT PUNK, MUSICIENS, 42 ET 43 ANS

Les « Terminator français du disco », selon le légendaire hebdomadaire britannique de rock New Musical Express (NME), n’ont rien fait en solo depuis 2013, ni album ni scène. Mais le duo formé par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo n’a jamais été aussi culte. Après leur collaboration avec The Weeknd en 2016, célébrée par des centaines de millions de vues sur Youtube, ils sont demandés partout, gourous de la pop mondiale. Les Canadiens d’Arcade Fire ont enregistré avec eux leur dernier album « Everything Now ». « Thomas agissait pour nous comme un sage, ont-ils confié aux Inrockuptibles. Il était comme un Jedi, une sorte de Yoda. » Après les casques, les sabres lasers ?


N°29 JÉRÔME BEL, DANSEUR ET CHORÉGRAPHE, 53 ANS

Son style minimaliste et provoc’ en a fait le chorégraphe français le plus célébré dans le monde. The Guardian le surnomme « le french enfant terrible », sans doute parce qu’il revendique des influences allant « de Roland Barthes à Jacques Rancière en passant par Michel Foucault et Pierre Bourdieu ». Cette année, sa pièce intitulée Gala a été jouée dans plus d’une dizaine de pays – Malaisie, Chili, Géorgie... – avec, à chaque fois, un casting local ouvert aux amateurs. La rigueur de ses créations, qui lui vaut parfois d’être présenté comme un « Français cartésien », fascine aussi les musées. Après la Tate Modern à Londres et le Moma à New York, le Centre Pecci à Prato, en Italie, lui a ouvert ses portes au printemps.


N°30 HÉLÈNE COURTOIS, ASTROPHYSICIENNE, 47 ANS

Elle a apporté une réponse à la question qui troublait le sommeil des chercheurs en cosmographie depuis plus de quarante ans. Si nos planètes filent à des millions de kilomètres par heure dans l’univers, ce n’est pas seulement parce qu’elles sont aspirées par des galaxies, comme on l’a longtemps cru, mais parce que le vide cosmique les repousse. Cette théorie, dite du « grand vide répulseur », qu’elle a développée dans la respectée revue Nature Astronomy, lui a valu les compliments – et la jalousie – de ses confrères. « Je me sens comme une exploratrice en terre inconnue », s’enthousiasme la scientifique qui a passé sa carrière à cartographier l’espace, entre deux conférences aux États-Unis. En France, le planétarium de Vaulx-en-Velin, près de Lyon, consacre désormais une exposition permanente à ses découvertes.


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N°31 KYLIAN MBAPPÉ, FOOTBALLEUR, 18 ANS

Le commentateur star Gary Lineker s’est enflammé sur Twitter devant ses 6,67 millions d’abonnés après la victoire du Paris Saint-Germain face au Bayern de Munich en septembre : « Mbappé est la future star mondiale du football ; il est atrocement bon. » Cela faisait déjà des semaines que l’attaquant avait accédé à la notoriété planétaire en raison du prix de son transfert certes (180 millions d’euros, soit le deuxième joueur le plus cher de l’histoire, derrière Neymar), mais aussi de ses performances : pour sa première participation à la Ligue des champions, l’ancien monégasque est devenu aussitôt le plus jeune joueur à marquer six buts au cours de la compétition.


N°32 PATRICK POUYANNÉ, PDG DE TOTAL, 56 ANS

La mort accidentelle de Christophe de Margerie, dit « big moustache », l’a propulsé presque malgré lui sur le devant de la scène en 2014. Trois ans plus tard, et malgré les pronostics, ce polytechnicien de 1m 91 a remis d’équerre un groupe confronté à l’effondrement des prix du pétrole. En 2017, il a fait de Total la première compagnie pétrolière à revenir en Iran, tout en investissant dans les énergies vertes avec le rachat de 23 % du groupe Eren. Surtout, il a signé la plus grande acquisition depuis Elf Aquitaine (1999) en avalant le danois Maersk Oil durant l’été. Les marchés applaudissent : avec un bénéfice d’un peu plus de 5 milliards d’euros en 2016, Total a réussi l’une des meilleures performances du secteur pétrolier.


N°33 FRANÇOIS PACHET, SCIENTIFIQUE, 53 ANS

Voici le Prométhée technologique, qui rêve de remplacer l’auteur-compositeur par l’algorithme. Après avoir longtemps dirigé la recherche au sein du groupe Sony, cette sommité mondiale de l’intelligence artificielle a été recrutée en juillet par Spotify, le géant suédois de la musique en ligne. Sa principale invention ? La Flow Machine, un logiciel capable de compo­ser des tubes presque tout seul : « L’idée n’est de faire de la musique, mais de la bonne musique, confie ce mathématicien de formation. Et de donner aux artistes la possibilité d’aller plus loin, en dialoguant avec l’ordinateur. » Un album sort ces jours-ci, dans lequel Stromae a joué avec la machine. Ensuite viendra l’écriture, cet art sacré ? « Cela viendra », promet le fils de Pierre Pachet, grand nom des lettres françaises, mort en 2016. Il existe tant de façons de retrouver le père.


N°34 JULIA DUCOURNEAU, RÉALISATRICE, 34 ANS

Elle n’a réalisé qu’un seul film et la critique internationale la compare déjà à David Cronenberg. Grave, son petit bijou gore et poétique sur une étudiante vétérinaire basculant dans le cannibalisme, a suscité l’émoi et quelques évanouissements dans les plus grands festivals, de Toronto à Sundance. The Independent voit en elle une « nouvelle reine de l’horreur », quand Variety la place parmi les dix cinéastes les plus prometteurs du monde. « C’est un peu “bigger than life”, j’ai parfois du mal à me rendre compte que le film a pu toucher autant de monde », commente, entre deux volutes de cigarettes, la fille de médecin formée à la Femis. Sa prochaine réalisation ? Tout juste promet-elle de « sortir à nouveau le film de genre de sa case pour en dévoiler la dimension poétique et politique ». Suspense.


N°35 ANNE-SOPHIE PIC, CHEF, 48 ANS

La seule femme chef française triplement étoilée promet toujours de conquérir le monde. Malgré un échec à New York en 2015, elle a ouvert, en janvier 2017, la réplique londonienne de la Dame de Pic, huit ans après celle de Lausanne. « J’adore l’énergie de la capitale anglaise, elle nourrit mon audace », se réjouit la descendante d’une lignée de restaurateurs issus de la Drôme. Traduction dans l’assiette, où le savoir-faire à la française rencontre le terroir british, avec un accent sur les rôtisseries, les plats en sauce et ce qu’elle appelle de « jolies découvertes » comme le crabe de Cornouailles ou le bœuf des Midlands. « Il faudrait inventer une quatrième étoile Michelin rien que pour elle », s’est pourléché le Financial Times. En attendant, le célèbre guide rouge vient déjà de lui en décerner une première à Londres.


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N°36 KAMEL MENNOUR, GALERISTE, 52 ANS

Il a contribué à remettre Paris sur la carte du marché de l’art contemporain. Ses artistes : Martin Parr, Huang Yong Ping ou Anish Kapoor. L’enfant de Montreuil qui a payé ses études en faisant du porte-à-porte, ses lithographies sous le bras, a ouvert trois galeries parisiennes, avant de briller récemment à Londres, au cœur de Mayfair. Il refuse encore de s’installer à New York, comme son rival Emmanuel Perrotin, pour des « raisons familiales », confie ce père de cinq enfants. Mais l’Amérique reconnaît ses talents : l’exposition qu’il a organisée au printemps en l’honneur de François Morellet – maître de l’abstraction géométrique mort un an plus tôt – a plu à la Dia Art Foundation, à New York. Elle souhaite désormais lui consacrer une rétrospective.

N°37 STUDIO KO, ARCHITECTES, 47 ET 43 ANS

Leurs créations sont prestigieuses, du Musée Yves Saint Laurent à Marrakech au nouveau restaurant Divellec des Invalides, du palace londonien Chiltern Firehouse à la boutique Balmain à Los Angeles. Diplômés des Beaux-Arts, Karl Fournier et Olivier Marty ont imposé leur griffe narrative ou épurée dans le monde de la décoration. C’est la famille Agnelli qui les a lancés en leur confiant sa résidence marocaine à l’aube des années 2000. Depuis, les deux architectes très recherchés, « in-demand » selon Vogue États-Unis, ont monté trois agences (Paris, Marrakech, Londres) et œuvrent aussi bien pour des chefs d’État que pour des grandes fortunes. Francis Ford Coppola vient de les solliciter pour sublimer son appartement new-yorkais.


N°38 PATRICK DRAHI, ENTREPRENEUR, 54 ANS

C’était un rêve d’enfant. En juin, l’empereur d’Altice, actionnaire majoritaire de SFR et propriétaire de nombreux médias (BFM TV, RMC, L’Express, Libération) a fait une entrée remarquée à Wall Street, sonnant la célèbre cloche à l’ouverture devant ses fils et son état-major. Il accélère ainsi sa percée américaine, deux ans à peine après le rachat, pour près de 27 milliards de dollars (23 milliards d’euros), des câblo-opérateurs Suddenlik et Cablevision. Objectif : multiplier les acquisitions, sans craindre d’alourdir l’endettement du groupe déjà colossal, et générer rapidement du cash dans un pays où les perspectives de croissance sont fortes. À terme, le magnat français voudrait réaliser la moitié de son chiffre d’affaires aux États-Unis. De quoi rêvera-t-il alors ?


N°39 VIOLETTE, GLOBAL BEAUTY DIRECTOR D'ESTÉE LAUDER, 33 ANS

C’est le magazine W qui le dit : « Côté maquillage chic sans effort, les filles françaises sont les meilleures, et Violette ne fait pas exception. » Cette maquilleuse parisienne, diplômée de l’École du Louvre, s’est fait un tel prénom (au point de ne pas divulguer son nom) qu’elle a été nommée, en juin, à la tête de la division beauté d’Estée Lauder, label phare du troisième groupe mondial de luxe, vingt-neuf marques et 11 milliards de dollars (9,5 milliards d’euros) de chiffre d’affaires. « La beauté est une attitude », répète la brune piquante, en reprenant le mantra de la marque. État d’esprit qu’elle décline sur Instagram, la nouvelle Mecque du make-up, sous le hashtag #esteebeautydirector et sur son compte personnel @violette_fr. Son must, dit-elle : un rouge à lèvres bien rouge.


N°40 CHRISTOPHE ADAM, PÂTISSIER, 44 ANS

Quand il dirigeait les brigades de Fauchon dans les années 2000, il avait fait du macaron une star mondiale. À présent, le voici porté sur le chou à la crème version allongée. L’Éclair de génie, son enseigne, aussi mono­produit que monomaniaque, s’est déjà implantée dans cinq autres pays : Japon, Hong Kong, Italie, Russie, Canada. On trouve dans ces boutiques les traditionnels nappages chocolat et café, mais aussi des créations plus iconoclastes à base de guimauve, de figue ou de noix de coco. « J’essaie de m’adapter à chaque région, explique cet amoureux de la cuisine japonaise. À Tokyo, je travaille le haricot azuki, le thé matcha ou encore le sésame. » Cinq ans après ses débuts, il affiche un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros. Une réussite éclair.


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N°41 JÉRÔME JARRE, HUMANITAIRE, 27 ANS

Ça l’a pris à la gorge, un soir de mars, en découvrant l’ampleur de la famine touchant la Somalie. En digne enfant de son époque, il s’est filmé en colère puis a mis en ligne la vidéo sur Twitter et Facebook. Traînée de poudre, des milliers de réactions, et très vite assez de dons pour affréter un avion rempli de soixante tonnes de vivres. « Je n’en revenais pas », confie l’humanitaire 2.0, qui s’était surtout fait connaître pour son humour un brin potache sur les réseaux sociaux. Débarqué à New York en 2013 avec une poignée de dollars en poche, le jeune Savoyard en quête de célébrité avait même réussi à approcher Robert De Niro et Michelle Obama qui ont participé à ses vidéos. « Je ne connaissais rien au star-system, donc je n’étais pas du tout intimidé, confie-t-il avec le recul. Mais maintenant, je veux utiliser cette notoriété pour faire des choses utiles, aider les autres, avoir une vie qui a du sens. »


N°42 EMMANUEL SAEZ, ÉCONOMISTE, 45 ANS

Il est l’un des derniers économistes de gauche encore écouté dans l’Amérique de Trump. Cet été, ses deux études sur l’explosion des inégalités aux États-Unis ont animé les pages débats des grands journaux. La première, sur l’endogamie sociale dans les universités, a été qualifiée de « fascinante » par The Atlantic. La seconde, sur l’accroissement des disparités entre les plus riches et les plus pauvres, a reçu les lauriers du New York Times. « Les Américains aiment se penser comme une société méritocratique, commente ce normalien devenu professeur à Berkeley. Mais l’examen précis des chiffres contredit cette vision. » Surfeur à ses heures perdues, ce keynésien souvent pressenti pour le prix Nobel se dit aujourd’hui prêt à travailler sur un nouveau chantier : la reconstruction du camp démocrate après la défaite de Hillary Clinton. Courage.


N°43 MARTIN FOURCADE, BIATHLÈTE, 29 ANS

Le skieur catalan domine dans son sport comme peu d’athlètes avant lui, toutes disciplines et nationalités confondues. En 2017, il a remporté pour la sixième fois consécutive le classement général de la coupe du monde de biathlon, triomphant dans toutes les spécialités, record de victoires sur une saison à la clé. Cette réussite sportive en a fait une voix qui compte dans un sport ébranlé par d’incessantes révélations sur le dopage, particulièrement en Russie où il est une immense star. Fort de son statut, le skieur a réclamé des mesures plus sévères à l’encontre des athlètes contrôlés positifs, même s’il refuse d’endosser le rôle de porte-parole officiel de la lutte antidopage. Sans doute préfère-t-il celui de porte-drapeau de la délégation française aux Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang en 2018, qui lui a été attribué fin septembre.


N°44 THIERRY GILLIER, FONDATEUR DE ZADIG ET VOLTAIRE, 58 ANS

Vingt ans tout juste qu’il a créé sa marque de prêt-à-porter de luxe en s’inspirant du roman Zadig de Voltaire. Cette année, il frappe fort. D’abord, avec un défilé à New York en février ouvert par Bella Hadid, mannequin et égérie maison, « mélange de glamour parisien et de street cool new-yorkais », selon le Women’s Wear Daily. Ensuite, avec une série d’ouvertures venant s’ajouter aux quelque trois cent vingt boutiques dans plus de cinquante pays : une nouvelle adresse à Manhattan, une autre de 850 m2 au 2, rue Cambon à Paris, avec espace galerie et signée par l’architecte Bernard Dubois. Côté privé, c’est à New York que l’entrepreneur a dispersé quarante-six œuvres de sa collection d’art contemporain commencée il y a vingt-cinq ans, au profit notamment de la fondation pour l’environnement de Leonardo DiCaprio.


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N°45 OTHILIA SIMON, MANNEQUIN, 24 ANS

Devinette : quel est le point commun entre les défilés Chanel sous la nef du Grand Palais et les souterrains de Lyon ? Une liane d’1 m 80 dotée d’un prénom de déesse germanique. Découverte à l’âge de 16 ans dans le métro, la top model grimpe à vitesse grand V les échelons du mannequinat. Défilant en exclusivité pour la maison de la rue Cambon lors de la dernière Fashion Week parisienne, elle s’affiche aussi bien sur les podiums de couturiers indépendants comme l’Américain Brandon Maxwell ou le Néerlandais Ronald van der Kemp que dans les campagnes publicitaires d’Hermès et des lunettes Yves Saint Laurent. Pas en reste côté magazine, son regard bleu vert et sa silhouette aristocrate ont aussi vampé les pages de Vogue Paris tout au long de l’année, notamment sous le titre « Un certain sourire ». Auquel personne ne semble décidément résister.



N°46 JEAN IMBERT, CHEF, 36 ANS

Le nouveau cuisinier chéri des célébrités américaines. Cette année, le lauréat de l’émission « Top Chef » 2012 a préparé des repas privés pour Robert De Niro, Pharrell Williams ou encore le couple Beyoncé-Jay Z. Sa recette : accommoder les techniques de la gastronomie française aux méthodes modernes de communication, avec un compte Instagram garni de quelque 288  000 abonnés (parmi lesquels Jamie Oliver, modèle du genre). Formé chez les géants Michel Rostang et Antoine Westermann, le chef de l’Acajou, dans le XVIe arrondissement de Paris, a également donné de la spatule pour les agapes du Festival de Cannes ainsi que pour les soirées Hermès, Dior ou Saint Laurent... Prochaine étape : New York et Miami, où le gamin de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) s’apprête à ouvrir deux restaurants.



N°47 ODILE DECQ, ARCHITECTE, 62 ANS

Ne vous arrêtez pas à son allure de reine gothique. Cette femme toujours vêtue de noir fait partie des architectes les plus réputés – et respectés – au monde. Parmi ses chefs-d’œuvre : le Musée d’art contemporain de Rome (Macro) ou le Fangshan Tangshan National Geopark Museum, en Chine. Au mois de mai, le jury new-yorkais du prix Architizer l’a couronnée du Lifetime Achievement Award pour « l’ensemble de son œuvre » et son « impact unique sur la profession ». « Architecte est un métier dur, un sport de combat, explique cette professeur invitée à Harvard, qui vient d’inaugurer sa propre école d’architecture privée à Lyon. Dans ce monde d’homme, les femmes n’ont pas été éduquées pour la lutte. Alors il faut apprendre. »



N°48 SAMIA OROSEMANE, HUMORISTE, 37 ANS

Elle est voilée, et alors ? « Vous n’allez quand même pas me réduire à un bout de tissu », prévient-elle. Il faut la voir sur scène, cette fille de Clichy-sous-Bois, quand elle incarne sa mère, le jour où elle lui a annoncé son intention d’épouser un Noir, ou lorsqu’elle demande aux « islamistes, intégristes, djihadistes, pianistes, cyclistes » présents dans la salle de changer de religion. Une vedette des pays francophones, dont les vidéos cartonnent sur Internet et qui remplit les salles de Montréal à Dakar. « Certains pays ont le rire plus facile que d’autres, note-t-elle avec délectation. À Abidjan, je n’ai parfois même pas le temps de finir une phrase... »



N°49 ISABELLE LEGERON, ŒNOLOGUE, 41 ANS

Si les Anglais ne confondent plus le médoc avec le jus de canneberge, c’est un peu grâce à elle. Fille de distillateurs de cognac, elle a animé, durant des années, « That Crazy French Woman », une drôle d’émission de découverte du vin diffusée sur la chaîne du câble britannique Travel Channel. Il fallait la voir crapahuter au milieu des cépages, parler anglais avec un fort accent charentais... À présent, la seule Française à avoir obtenu un Master of wine (le plus haut diplôme pour un œnologue) consacre son énergie à défendre le vin nature, en particulier grâce au salon international Raw Wine qu’elle a fondé en 2012. La dernière édition s’est tenue à Los Angeles en novembre et a accueilli plus de 10 000 visiteurs. « Seuls ceux qui vinifient sans produits chimiques respectent la nature », prévient-elle, agacée par « ces businessmen du vin qui n’ont jamais mis un pied dans les champs ». Pas si crazy, en fait.


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N°50 CAMILLE BERTAULT, CHANTEUSE, 31 ANS

La nouvelle voix du jazz. Il y a un an et demi, effondrée après son échec à l’entrée du conservatoire, cette fille de pianiste s’est défoulée en enregistrant une reprise vocale d’un solo ultrarapide de John Coltrane qu’elle connaissait par cœur. Près d’un million de vues sur Facebook en quatre jours, un premier album puis un concert dans la salle new-yorkaise Jazz Standard. « Cette Française est destinée à être bien plus qu’un buzz sur Internet », s’est enthousiasmé le Vogue américain. Depuis lors, elle prépare un nouvel album qui « mélangera différentes influences, des morceaux de Ravel aux chansons de Serge Gainsbourg » et elle multiplie les réinterprétations, façon scat, des improvisations de grands jazzmans. Comme avant ? À ceci près que ses admirateurs s’appellent désormais Wayne Shorter et Roy Hargrove.



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