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Les iPhone bientôt interdits en Inde ?

Le régulateur des télécoms indien menace la firme de couper son accès au réseau mobile si elle n’installe pas une application anti-spam par défaut sur tous ses appareils. Une exigence refusée par la firme au regard de l’importante collecte de données personnelles qu’elle requiert.


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Pour les géants du web, l’Inde est un eldorado. Alors que les ¾ de la population n’ont pas accès à Internet faute d’équipement informatique, le pays n’en est pas moins le 2e marché mondial en nombre d’abonnés mobiles. En 2016, l’Inde dépassait déjà le milliard d’utilisateurs et comptait plus d’internautes que les États-Unis (mais moins que la Chine). Le développement du marché se poursuit, notamment grâce à l’arrivée d’un nouvel opérateur, Jio, qui a littéralement cassé les prix, à l’instar d’un Free mobile a son arrivée en 2007 en France.


En mars dernier, les Indiens ont consommé près de 1 300 millions de gigabits sur mobile contre 150 millions l’année précédente sur la même période.



Plus d’un milliard d’utilisateurs mobiles


Des perspectives qui font saliver de l’autre côté de l’Atlantique. Apple tente de pénétrer ce marché colossal et se bat depuis deux ans maintenant avec le régulateur des télécommunications indien, la TRAI (Telecom Regulatory Authority of India), qui veut imposer à tous les constructeurs de téléphones l’installation par défaut d’une application gouvernementale antispam.


Une exigence justifiée pour les autorités : le phénomène des spams est un véritable fléau dans le pays. En 2012, l’Inde était le premier pourvoyeur de spam dans le monde (1 spam sur six provient d’Inde).


Mais Apple juge les moyens d’y parvenir contraires à sa politique de confidentialité. Cette application se révèle très gourmande en données puisqu’elle requiert un accès au contenu des SMS ainsi qu’à l’historique des appels du mobinaute. L’application n’est donc pas disponible sur le magasin d’applications de la firme, car elle « viole la politique de vie privée de l’App Store » en ce qu’elle rend possible le tracking des utilisateurs par des tierces parties. Google de son côté la propose sur son Play Store depuis 2016.


Antispam mais pas antidonnées


Apple a bien tenté de trouver un terrain d’entente avec le régulateur autour d’une application modifiée qui « assurerait la confidentialité des données personnelles de l’utilisateur », mais s’est vu opposer une fin de non-recevoir. Depuis, c’est la guerre de tranchées. En juillet dernier, la TRAI a annoncé qu’elle donnerait 6 mois aux constructeurs pour se mettre en conformité sous peine de se voir refuser l’accès au réseau mobile, les iPhone ne seront alors utilisables qu’en Wi-Fi. Apple a bien demandé que l’ultimatum soit levé, mais le président de la TRAI a déclaré que « la manière la plus appropriée de contester cela est de le faire au tribunal ».



Si Apple s’est fait le chantre de la protection des données, son business model ne reposant pas sur leur collecte, le gouvernement indien s’inscrit dans une démarche tout opposée et entame une marche décomplexée vers l’État de surveillance généralisée. L’application NaMo, du nom du Premier ministre indien qui l’a lancé et popularisé en 2015, préinstallée sur les smartphones de l’opérateur Jio est un bon exemple.

En avril, le gouvernement indien a même diffusé un appel d’offres pour s’offrir un logiciel d’éducation et de surveillance des masses. Plus précisément, comme le révélait Le Monde, « un programme capable de surveiller et d’influencer les opinions sur Internet et les médias sociaux ». Sa mission ? « Inculquer le sentiment nationaliste aux masses », mais aussi « neutraliser, contrer ou anticiper [les] blitzkrieg* médiatiques des adversaires de l’Inde ».

Les fleurons tech US ont décidément bien du mal à s’installer en Inde. En 2013, Mark Zuckerberg lançait Internet.org (devenu Free Basics by Facebook) avec pour ambition d’apporter Internet partout dans le monde, mais surtout dans les coins les plus reculés de la planète où l’accès à Internet est rare, voire inexistant (9 pays émergents dont l’Inde, la Colombie, le Ghana, le Kenya et l’Indonésie), tout en proposant des applications et services de première nécessité via des partenariats noués avec des entrepreneurs locaux. De guerre lasse, le régulateur indien des télécoms arc-boutait estimant que le service nuisait à la neutralité du net et mettait en place une concurrence déloyale entre les opérateurs, il a donc bloqué son déploiement dans le pays.




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